La naturopathie invite à la consommation régulière de fruits ou de jus de fruits. Pourtant si l’on prend le mode de vie ancestrale (paléolithique) comme référence de ce que pourrait-être l’alimentation idéale de l’homme (1), ces aliments n’existaient pas telles qu’on les trouvent aujourd’hui sur nos étales. En effet, Il ne faut pas confondre nos fruits génétiquement sélectionnés d’aujourd’hui, très sucrés car très riches en fructose et les quelques rares baies sauvages cueillies par nos ancêtres uniquement les mois d’été (en Europe) et qui étaient bien plus acides et moins sucrées.
Le fructose est un sucre simple comme le glucose. Alors comment pourrait-il être toxique ?
Le fructose est un sucre simple nous explique le Pr Patrick Tounian, responsable de l’unité de nutrition pédiatrique de l’hôpital Armand Trousseau, à Paris, « il possède la même composition chimique et la même masse moléculaire que le glucose, mais des propriétés différentes. Il s’en différencie par un pouvoir sucrant deux fois plus élevé, un index glycémique plus bas (19 contre 100), une métabolisation indépendante de l’insuline et quasi exclusivement hépatique, et une production de graisse plus importante. »
On veut nous faire croire que toutes les calories ont la même valeur, peut importe d’où elles viennent. Que ce soient de la graisse, des sodas, des céréales, des fruits... une calorie est une calorie nous dit-on !
C’est du moins ce que les industriels comme Coca Cola veulent nous faire croire. Ainsi un soda plein de saccharose (du glucose associé à du fructose) sera considéré comme un aliment normal qui sera intégré dans le comptage des calories journalières au même titre que n’importe quel autre aliment.
Pourtant cette vision est totalement fausse et désuète.
Comparons le métabolisme du glucose et celui du fructose
Métabolisme du glucose : toutes les cellules du corps sont capables d'utiliser le glucose (dans la mitochondrie le glucose donne de l'ATP)
1- Le glucose pénètre dans les cellules (grâce à l'insuline : hormone qui se fixe sur les récepteurs membranaires de chaque cellule).
2- Le glucose non utilisé est ensuite transformé en glycogène par le foie (dans les muscles et le foie) puis en graisse s’il n’est pas brulé. Une petite part finira en VLDL (transporteur du cholestérol de très basse densité qui aura tendance à se déposer dans nos tissus.)
3- Il est ensuite retransformé en glucose en fonction des besoins (glycogénolyse) et il alimentera les adipocytes (cellules graisseuses)
Pour faire simple la consommation, même excessive, de glucose donnera une surcharge pondérale périphérique.
Le Métabolisme du Fructose est différent de celui du glucose.
(D’après les travaux du Dr R Lustig)
Le foie est l'organe de détoxification en charge des molécules impossibles à métaboliser autrement.
Or seul le foie est capable de métaboliser le fructose, ce qu'il fait de manière similaire à l'éthanol (molécule active de l'alcool). C’est ce qui fait dire au Professeur Lustig que le fructose est une molécule toxique.
Voyons ce qui se passe dans le foie lorsque nous consommons du fructose
Le fructose pénètre dans le foie entrainant une cascade enzymatique qui aboutit à la fabrication d'acide urique et favorise l'hypertension.
La métabolisation du fructose dans le foie produit diverses enzymes qui boostent la production d'acides gras : les triglycérides
le foie ne pouvant pas stocker trop de triglycérides (au delà de 5% on parle de stéatose hépatique) ils sont transportés vers les tissus adipeux et les VLDL augmentent.
A moyen terme, cela favorise la dyslipidémie, l’obésité, l’hypertension artérielle, le diabète... c’est à dire les nombreuses maladies que l’on regroupe dans le fameux syndrome métabolique.
Ainsi, une consommation excessive de glucose provoque de l’hyperglycémie et une augmentation modérée des VLDL, alors que la même consommation de fructose provoque à la fois l’hyperglycémie, la libération importante de triglycérides et une stéatose hépatique (foie gras).
« Ces effets indésirables ne datent pas d’hier, souligne le Pr Jacques Delarue, professeur des Universités en nutrition du CHU de Brest. Le problème, c’est que l’on pourrait avoir tendance à consommer trop de fructose, notamment parce qu’il est présent dans de nombreux produits transformés »).
« En raison de son métabolisme particulier, il a pour effets indésirables d’induire une insulino-résistance, antichambre du diabète, d’élever le taux de triglycérides dans le sang et de favoriser la production d’acide urique responsable de la goutte », poursuit le spécialiste.
Chez les personnes prédisposées, il pourrait également favoriser le syndrome métabolique et l’obésité, en donnant aux aliments une texture agréable au palais, propice à la surconsommation alimentaire.
Où trouve-t-on le fructose ?
C’est un sucre courant dans notre alimentation ! « Il est naturellement présent dans les fruits frais et secs, les légumes, le miel, les vins doux, les sirops d’agave, d’érable… on parle alors de “fructose libre”, explique le Pr Tounian.
Il constitue, à part égale avec le glucose, le saccharose, sucre courant issu de la betterave ou de la canne à sucre.
Enfin, on le trouve fréquemment sous la forme de sirop de glucose-fructose dans la plupart des produits transformés avec sucre ajouté (sodas, glaces, spécialités laitières, bonbons, biscuits, céréales du petit déjeuner, barres chocolatées), même salés (pizzas, biscuits apéritif, surimi..).
Nous sommes encore dans une ignorance telle à ce sujet que certaines marques diététiques proposent du fructose cristallisé et des produits au fructose (confitures, chocolat...) destinés aux diabétiques de type 2 et aux personnes souhaitant limiter leur consommation de sucre. !!! (A moins que ce ne soit que du Marketing !). En tous cas c’est une hérésie quand on sait qu’il est un responsable du syndrome métabolique !
Le piège c’est donc de croire que tous les sucres se valent et que parce qu’ils viennent de la nature (des fruits) ils sont forcément bons.
Nous verrons le mois prochain comment le fructose peut être responsable de nombreux troubles métaboliques.
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