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La phytothérapie : une plante est-elle un médicament ?


Si l’homme et l’animal ont toujours su utiliser les plantes sauvages depuis la nuit des temps, l’usage officiel de la phytothérapie en tant que technique remonte il y a 3000 ans avant JC avec les sumériens et devint une « science médicale » très bien maitrisée par les Egyptiens, Romains ou grecs. L’essor actuel des « médecines alternatives » avec comme fer de lance la phytothérapie témoigne d’un retour aux sources vers une médecine plus causaliste qui traiterait le terrain plutôt que d’étouffer un symptôme à coup de molécules de synthèses agressives . Mais les plantes remplaceront-elles les médicaments ?


Aucun médicament ni aucune plante n’ont jamais guéri personne ! Etonnant d’affirmer cela pour un naturopathe ! Pourtant je le rappelle sans cesse, « la guérison véritable ne peut venir que du corps lui-même ». Qu’une molécule dite « guérisseuse » soit apportée par un médicament allopathique ou par une plante... son action se limitera à agir sur un symptôme ou dans le meilleur des cas à avoir une action (stimulante ou calmante) sur des organes (action indirecte). Mais vous aurez beau consommer la plante la plus rare, la plus chère ou la plus concentrée en principes actifs... jamais elle ne supprimera la cause de votre maladie. Pas plus ni moins qu’un médicament allopathique ! Alors pourquoi les naturopathes et autres phytothérapeutes...considèrent-ils les plantes comme un outil de santé majeure ?


Mais avant de répondre à cette question tordons le coup à une idée reçue : La phytothérapie ne serait pas scientifique !


Quand la science rejoint la tradition


Nos ancêtres Cro-Magnon au paléolithique et sans doute bien avant, ont appris empiriquement à utiliser les plantes . Le danger de tomber sur une plante trop toxique a été dominé grâce à l’apparition du gout amer. L’amertume est le signe de la présence de molécule toxique qui une fois détectée nous permettait de recracher instantanément ou de ne prendre qu’une dose infime mais suffisante pour provoquer des réactions salutaires . L’observation de ces effets puis leurs transmissions c’est faite par un enseignement oral comme il se fait encore dans les peuples reculés d’Amazonie vivant encore en symbiose avec la nature.


Les propriétés « médicinales » des plantes connues empiriquement depuis des siècles de pratiques se retrouvent aujourd’hui expliquées scientifiquement. Les Bergers du Sud de la France (ou j’ai grandit) savaient que les moutons qui broutaient des genêts subissaient sans dommage des piqures de vipère. Les chimistes ont mis en évidence une molécule contenue dans le genêt (la spartéine) qui, mélangée à du venin, rendait ce dernier inoffensif. Pourtant malgré l’évolution des connaissances en chimie et le fait que nombreuses molécules produites par nos industries pharmaceutiques soient de la resynthèse de molécules présentent dans la nature comme l’aspirine (extrait de l’écorce de bouleau), la phytothérapie comme « technique de santé » n’a reçu que peut d’intérêt de la médecine. Les lobbies pharmaceutiques cherchent même à discréditer cette méthode de santé naturelle car ils ne peuvent breveter une molécule naturelle. Déjà, en 1941 sous le gouvernement pétainiste, les herboristes furent mis hors la loi et parallèlement fut agréé l’ordre des médecins ! Face à la montée d’une médecine qui ne jure que par la chimie (synthèse), les plantes eurent vite une réputation de « remède de bonne femme ». Cette expression est dérivée de la mauvaise traduction de l’expression latine « bona fama » qui signifie en réalité « bonne réputation » ou « de bonne renommée » !


Aujourd’hui notre consommation de plantes sous la forme de complexes, ampoules, flacons ... acheter en magasin bio, parapharmacie... est en pleine expansion. Nous sommes à l’ère post-moderniste marquée par la déception d’une science et d’une médecine qui devait tout arranger dans nos vies. On sait aujourd’hui que la santé ne se reconquière que par la remise en cause de notre mode de vie. Comment l’usage des plantes peut-il alors trouver sa place dans ce contexte ?


Une utilisation rationnelle, scientifique et encadrée des plantes


En France, "une plante est dite médicinale lorsqu'elle est inscrite à la pharmacopée et que son usage est exclusivement médicinal, c'est-à-dire que les plantes sont présentées pour leurs propriétés préventives ou curatives à l'égard des maladies. Elles sont considérées comme des médicaments et leur vente est exclusivement réservée aux pharmaciens". Il existe pourtant une exception pour 148 d'entre elles qui sont, par dérogation, en vente libre. C’est celles-ci que vous utilisez couramment.

Interrogeons nous maintenant sur les différences entre une plante dite « médicinale » vendue sous différentes formes galéniques (ampoules, teinture mère, décoction...) et un médicament.


La phytothérapie connaît aujourd’hui un certain essor dans un contexte ou l’approche de la santé se veut à la fois plus naturelle, plus globale et non iatrogène tout en restant scientifique. Cependant certaines croyances concernant l’efficacité thérapeutique des plantes sont encore tenaces. Par exemple il est courant d’entendre que le traitement par les plantes est plus long qu’avec des médicaments classiques. Cette idée reçue est en effet dure à débouter. Pourtant une cystite, une poussée inflammatoire chez un arthrosique, trouvent une réponse aussi rapide, avec des plantes. Néanmoins ne perdons pas de vue que la disparition trop brutale d’un symptôme est souvent plus néfaste que bénéfique, et que la naturopathie aide l’organisme à mettre en place des processus d’auto-guérison. Appliquer une pommade à base de cortisone sur un eczéma permet de le faire "rentrer", pourtant cette solution de facilité supprime un exutoire mis en place par l’organisme. Les conséquences peuvent être graves, surtout chez un asthmatique.


On peut distinguer deux grands modes d’utilisation des plantes médicinales : En allopathie les plantes ont une action importante et immédiate. Beaucoup des plantes utilisées dans ce mode de traitement peuvent s’avérer toxiques. En effet deux tiers des médicaments sur le marché sont d'origine naturelle, principalement végétale. Il est donc possible d’utiliser une plante comme on prendrait un médicament. Consommer une plante pour ses propriétés anti-névralgique, anti-spasmodique, anti-inflammatoire… donc anti-symptômatique c’est faire de l’allopathie avec une molécule naturelle. Certes vous calmer le symptôme mais vous oublier de vous attaquer à ses causes profondes. Dans ce cas le médicament et la plante se confondent. En effet une plante n’aura d’effet « thérapeutique » que parce qu’elle contient un ensemble de principes actifs (molécules) dont on connaît les effets sur l’organisme.


Le respect des concentrations d’un complexe de plante s’avère donc tout aussi important que pour un médicament. Rappelons que « tout est poison, rien n’est poison, seule la dose compte » (pascal).


Cependant l’effet recherché avec la plante est souvent le résultat d’une combinaison de principes actifs qui interagissent entre eux (effet synergique) alors que pour le médicament on isole souvent la molécule ayant un effet très ciblé. En naturopathie l’utilisation du totum de la plante permettra de limiter les effets iatrogènes* et l’on cherchera d’abord à cibler le terrain plutôt que d’agir sur le symptôme. De plus les extraits d’une plante naturelle sont généralement mieux métabolisés et éliminés qu’une molécule de synthèse surtout si la plante utilisée fait partie de notre écosystème depuis plusieurs générations.


Conclusion

Pour obtenir une action anti-symptomatique ciblée, la phytothérapie est sans doute moins performante que l’allopathie. Pour cela l’allopathie doit rester la référence en médecine d’urgence. La phytothérapie rentre elle dans le cadre d’une médecine de terrain, rééquilibrante. Elle ne doit pas entraver les processus d’auto-guérison et reste une technique d’accompagnement essentielle de la naturopathie à condition de respecter certaines les règles d’or que nous découvrirons le mois prochain.


· Effets secondaires qui rendent malades


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